LIGER club de ROANNE, Loire

A Tours, 2 000 ans d’aménagement des bords de Loire

 

 Inauguration d’un nouveau centre de recherches archéologiques de l’Inrap à Achicourt le 7 février 2012

Publié le 16 décembre 2011, Mis à jour le 18 janvier 2012

 

 


Des fouilles, menées sur près de 4 500 m², préalablement à la construction de logements par la société Bouygues Immobilier Val de Loire, ont révélé différents états d’aménagement des berges de la Loire à Tours, depuis l’Antiquité jusqu’au Moyen Âge. Les études, associant archéologues, géologues et historiens, ont permis de restituer l'évolution de l’espace urbain par rapport au fleuve en mettant au jour un embarcadère et une voie du Haut-Empire, une nécropole du Bas-Empire et des habitats médiévaux.


 

La voie et l’embarcadère antique

Durant le Haut-Empire, la Loire se trouve à quelques dizaines de mètres au nord du site. Une voie mène au centre-ville de Caesarodunum, situé quelques centaines de mètres plus à l’est. L’actuelle rue Courteline est superposée à cet axe qui est le prolongement du decumanus maximus, le principal axe est-ouest dans les villes antiques. La fouille a mis en évidence quatre états d’aménagement de la berge. Le dernier, daté du IIsiècle, est caractérisé par un assemblage complexe de caissons en bois d’environ sept mètres de côté, disposés en damier. Cette rampe d’accès à la Loire, qui fait alors office d’embarcadère, est destinée à consolider la berge et à en limiter l’érosion, particulièrement active dans ce contexte de plaine d’inondation. Mais, à la fin du IIIe ou au début du IVe siècle, une incursion de la Loire vers le sud entraîne l’abandon de l’embarcadère, complètement ensablé. C’est alors que cette zone est transformée en cimetière.

La nécropole du Bas-Empire

L’ensemble funéraire situé le long de la voie antique comporte une trentaine d’hommes, femmes et enfants de tous âges, sans répartition spatiale particulière. Le mobilier funéraire et les datations par radiocarbone situent la plupart de ces tombes au Bas-Empire (IVe  siècle). L’étude anthropologique indique des inhumations majoritairement en contenant : cercueils cloués, chevillés ou coffrages. Les dépôts funéraires sont variés : vases en verre et en céramique, monnaies, chaussures, jetons de jeux, faune… Les monnaies placées sur les yeux, ou dans la bouche de deux individus attestent la pratique courante de l’obole à Charon, qui devait permettre aux défunts de payer leur passage du Styx. Par ailleurs, la présence de vêtements et de chaussures est attestée. Trois sépultures à caractère ostentatoire sont situées en bordure de voie.

L’occupation médiévale et la fixation du trait de rive

L'occupation médiévale débute au moment où s'amorce le recul de la Loire vers le nord. L'espace qui se libère, en périphérie du bourg naissant autour de l’ensemble basilical de Saint-Martin, est rapidement aménagé par les hommes. Tandis que l’axe antique perdure, une nouvelle voie de berge est aménagée au nord du site et contient l’extension des occupations jusqu’au XIIe siècle au moins. Ces habitats domestiques, présents dès le VIIIe siècle, sont matérialisés par des trous de poteau, des celliers, des silos, et des fosses. Sans connaître précisément l’emplacement des bâtiments, il est vraisemblable qu’ils soient implantés en bordure de voie. A partir du XIVe  siècle le trait de rive paraît stabilisé. En avant de l’enceinte nord de Tours, des digues sont attestées et peuvent être considérées comme les premières formes de turcies censées canaliser le cours du fleuve.

Responsable du site Nicolas Fouillet, Inrap - Aménagement Bouygues immobilier - Suivi scientifique Service régional de l'archéologie (Drac Centre)

 

 




06/03/2012
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