LIGER club de ROANNE, Loire

La 3ème vie du Moulin de Lespinasse à St Forgeux Lespinasse (42)

par René Fessy



Dans sa première vie, c'était certainement une maillerie (moulin à battre le chanvre) puis un moulin à farine,  avec le développement de la ville de Lespinasse, et jusqu'à son arrêt en 1988. Selon la monographie de R. Garnier et R. Boiron, Les Moulins du Roannais, Tome IV, Rive gauche, 1988. (Documents offerts par M. JJ Aubret). Aujourd’hui la turbine sert à la production d’électricité “verte” pour chauffer l’eau des dépendances du moulin. EREMA, Société iséroise spécialisée dans les centrales hydroélectriques a rendu possible ce beau projet.

 

 

 


Moulin de Lespinasse  © patrice cadet
 


Un peu d’histoire
L’existence du moulin de Lespinasse est antérieure au 29 mars 1600, date de la signature d’un bail emphytéotique qui a pris fin le 2 novembre 1760. Un nouveau bail emphytéotique perpétuel cette fois a été concédé à ce moment à Antoine Bailly, qui finalement achètera le moulin le 23 novembre 1769 à Monsieur Pierre Terray de Rosière, Seigneur de Lespinasse. Le moulin disposait alors d’un droit d’eau « fondé en titre » qui sera complété par un arrêté préfectoral en date du 19 mai 1860. Son origine provient de conflits connus pour l’usage de l’eau. Il existait en effet à l’époque une féculerie en amont au Moulin du Sarrot, si bien que l’eau véhiculait des éléments fertilisants. Les exploitants agricoles avaient construits des barrages afin d’irriguer leurs parcelles, occasionnant du même coup une baisse de débit préjudiciable au fonctionnement du moulin. L’arrêté définissait la liste des barrages autorisés sur la commune de St Forgeux et les hauteurs d’eau à ne pas dépasser dont les niveaux étaient marqués sur les arbres qui aujourd’hui ont disparu. Il précisait encore que le prélèvement d’eau ne pouvait se faire que du samedi couché du soleil au dimanche levé du soleil et ce du 15 juillet au 15 octobre.

Le Moulin de Lespinasse qui figure sur les cartes de Cassini sera transmis de père en fils jusqu’en 1952, puis cédé à Grabriel Périchon, neveu de Jean-Marie Bailly, fils de Cécile Bailly-Périchon la grand mère de Marie-Thérèse Périchon-Cadet l’épouse de Patrice Cadet l’actuel propriétaire. Aucune des deux filles de Gabriel Périchon n’ayant épousé de meunier, le moulin cessera son activité, à sa retraite en 1988. Date à laquelle le contingent ne sera pas vendu et par conséquent le moulin pas désarmé. A la fin il produisait que très peu de farine panifiable (contingent de 2673 Qx), mais faisait de la farine pour satisfaire aux besoins des éleveurs de Charolais environnants.

Son alimentation  
Le Moulin de Lespinasse est alimenté par la Teyssonne, rivière de 30 km qui prend sa source à la Croix du Sud dans les Monts de la Madeleine. Cet affluent de la rive gauche de la Loire traverse Saint-Bonnet-des-Quarts, puis les communes de Changy, Saint Forgeux Lespinasse, Saint Germain Lespinasse, Noailly et la Bénisson Dieu à l’est de la plaine de Roanne avant de se jeter dans le fleuve à la hauteur de la commune de Briennon.
Au cours de ces 40 dernières années, le débit moyen de la Teyssonne a baissé de 25%. en raison des captages pour l’alimentation de la population. Ces prélèvements constituent sans doute un risque tout aussi important que celui des seuils mis en avant aujourd’hui par la directive cadre Européenne sur l’eau qui préconise leur arasement pour assurer la continuité écologique des poissons et des sédiments.

Ses atouts
La machinerie a été modernisée en 1923, deux des 3 meules ont été remplacées par des broyeurs fabriqués à Dole par les établissements Lacroix. La dernière meule a été remplacée par un broyeur à marteau en 1974 car il n’était plus possible de la tailler sans couper les cerclages.

Les structures sont en bois et prêtes à fonctionner de nouveau. L’atout majeur réside dans le « chant » du moulin quand il tourne. Comme toutes les machines s’enclenchent manuellement en poussant la courroie sur la poulie correspondante, on peut faire tourner le moulin « à vide », c’est-à-dire les axes portant les poulies et les courroies. Tout l’édifice se met à vibrer au rythme des agrafes des courroies maîtresses. A l’époque des bruits synthétiques, cette musique apparaît tout simplement extraordinaire !

 

 


Les broyeurs  © patrice cadet


Sa nouvelle destinée
La turbine de type Ossberger de 23,5 CV installée en 1967, possède un bon rendement avec des débits et une hauteur de chute faible. Elle a été remise à neuf au début de l’année 2010 et peut produire de l’électricité “verte” en fonction du débit très irrégulier de la rivière mais toujours plus important l’hiver. Le débit moyen de la Teyssonne est de 300 l/s et la hauteur de chute n’est que de 3,5 m. La vente de l’électricité produite seulement 8 mois sur 12 aurait été plus rentable que son utilisation pour le chauffage. Patrice Cadet a retenu pourtant la deuxième solution. Une mesure sage qui permet ainsi d’économiser l’eau de la Teysonne et de respecter les rythmes biologiques saisonniers de la rivière puisqu’il n’y aura aucun turbinage en été quand les eaux sont basses.
Sur le plan technique, si le courant, n’atteint pas le bon voltage la résistance chauffera moins mais dans ce cas pas besoin de système de régulation sophistiqué. Ce chauffage écologique devra être couplé avec celui au gaz existant pour pallier le manque de débit ou encore aux pics de froid de l’hiver. Si les résultats sont satisfaisants une serre pourrait alors être installée en bout de circuit pour utiliser un éventuel surplus d’énergie.

 

 

La turbine rénovée © rené fessy  

 

L' étude

L’étude faite par la société EREMA (Etudes, Réalisations, Maintenance, Automatismes) début 2010 pour le chauffage hydro-électrique laisse apparaître une réduction annuelle de 85% du gaz à effet de serre, soit approximativement 8 t/an, par rapport à la consommation des trois appartements attenants chauffés au gaz actuellement. Le coût de l’installation s’apparente à celui d’une chaudière au bois granulé pour une habitation. Le calcul des charges comprendra naturellement l’investissement  mais il permettra de pallier le coût croissant de l’énergie et permettra inéluctablement une économie. Patrice Cadet se félicite de l'aide de cette entreprise spécialisée dans les travaux d’automatisme pour l’exploitation des centrales hydroélectriques installée à Herbeys (38) près de Grenoble et aussi de celle de Philippe Demachy, son ingénieur, qui a permis de faire aboutir le projet. EREMA qui ne s’intéresse pas habituellement à de telles installations, a communiqué, gracieusement, à deux artisans locaux : l’électricien Adrien Polette et à Bruno Meunier plombier, toutes les informations utiles à la réalisation de l’ouvrage. Elle leur a donné également son accord pour réutiliser le process ainsi que le logiciel de contrôle, ce qui mérite bien d’être souligné !
Le piquage de 200 mm sur la chape d’arrivée d’eau au-dessus de la turbine est destiné à l’alimentation de la roue à aube qui se situe en dessous. Cette dernière ne devrait pas tarder à retrouver aussi une nouvelle jeunesse ! ... Cette initiative, respectueuse de l’environnement tout en permettant de faire des économies d’énergie, est un gage de développement durable qui peut contribuer à la sauvegarde du moulin et de son droit d’eau.

 


Patrice Cadet,

son propriétaire

Chercheur à l’IRD (Institut de Recherche pour le Développement), spécialisé dans les parasites racinaires des plantes appelés « nématodes », ravageur des cultures vivrières et industrielles. J’ai été affecté essentiellement en Afrique (Côte d’Ivoire, Sénégal, Burkina Faso, Afrique du Sud) mais aussi dans les Antilles Françaises. C’est au Sénégal, dans la zone soudano-sahélienne, semi-désertique, que l’on peut toucher du doigt l’impact du réchauffement climatique sur les hommes, la faune et la flore. En retraite et disposant d’un ancien moulin par héritage, il lui est apparu impératif d’apporter sa modeste contribution à la lutte contre le réchauffement climatique. C’est la raison pour laquelle il a répondu à l’appel d’offres. Ce projet pilote a eu le soutien de la Région Rhône-Alpes et le concours de la Société Générale. La subvention accordée lui a permis ainsi d’atteindre son objectif.

Patrice Cadet est l’un des membres fondateurs, et secrétaire de l’Association de Sauvegarde des Moulins Roannais affiliée à la FFAM.

 

 

    

Patrice Cadet devant le tableau de commande © rené fessy

 

Contact :

Patrice Cadet
Les Martins,
42640 St Forgeux Lespinasse  
04 77 65 62 52

 
Merci à Patrice Cadet pour son étroite collaboration.

 

 

 

Moulin de Lespinasse / construction de la roue

 

 

2012-2013

ST FORGEUX LESPINASSE, Loire

 

La nouvelle vie du moulin

 

 

Après avoir mis en place un systhème de production d'électricité à des fins personnelles Patrice Cadet a trouvé des artisants pour reconstruire la roue de son moulin.

 

 

© patrice cadet / DR

 


journees du patrimoine de pays et des moulins 2012.html

 

 

http://www.moulinsdefrance.org/

 



17/04/2012
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