Quelle est la signification du croissant ?
ARMOIERIES DE LA VILLE DE ROANNE
« Les origines de ces armes et le pourquoi du croissant ? Questions difficiles au sujet desquelles plusieurs hypothèses ont été avancées. Le chanoine La Mure, à qui nous faisons encore une fois référence, en donne la raison suivante : « Cette ville porte pour ses armes « d'azur au croissant d'argent » parce qu'elle est bâtie en cette forme. Ainsi la ville de Constantinople porte ledit croissant ou demi-lune pour armes parce qu'elle est assise sur un port fait naturellement en forme de croissant. »
Répondant à cette interrogation posée dans la « correspondance historique et archéologique », M. Révérend du Mesnil suppose que le croissant d'argent sur fond azur fut à son origine, le blason de la famille formée par l'alliance de la fille de Dalmace de Roanne avec les seigneurs de Saint-Haon. Ecu qui aurait été adopté par la ville, ainsi qu'il en est advenu pour nombre de bourgs et de villages qui prirent tout bonnement les armes de leurs seigneurs.
Explication plausible, mais que l'on ne peut tenir pour sure étant donné qu'on ignore si le croissant d'argent sur fond d'azur a réellement figuré sur le blason des seigneurs du roannais au treizième siècle.
Autre argument soutenu par M.André Steyert, auteur de `l'armorial fgénéral du lyonnais, forez et beaujolais » : le croissant symboliserait la Loire qui décrit une courbe devant la ville. Et de préciser que ce blason, ayant pour tenants un sylvain et un neptune, s'accompagne de cette devise : « Sylvis increscit et undis » (elle s'accroit par les forêts et par les eaux). Allusion ainsi faite à la richesse que le fleuve assurait à la cité, grâce à son important trafic tant du coche d'eau que des sapines, chalands et saint-rambertes.
Par delà le calembour rappelant la position de Roanne dans le Forez, elle est probante par la réminiscence de l'activité exercée par la corporation des charpentiers en bateaux à qui les forêts proches procuraient la matière première… »
Extrait de l'article de Jean Perrin paru dans le pays roannais le 27 mai 1983.
CROISSANT. Représenté avec ses deux cornes tournées vers le chef de l'écu.
Le croissant est le symbole de la noblesse, de l'accroissement de richesses, de l'honneur et de la renommée. Il rappelle les croisades et les expéditions contre les Sarrasins et les Barbaresques.
Dans son Histoire de la Marine, Eugène Sue rapporte que les cent Scutagios, vétérans d'élite de Manuel, empereur grec de Byzance (contemporain du Sultan Mahomet Ier), chargés de la défense du labarum ou étendard croisé de Constantin, étaient couverts de cottes de mailles, et portaient un casque d'acier poli, surmonté d'un croissant d'or, symbole chrétien de Constantinople.
Au moyen-âge, existait une confrérie militaire nommée : les Chevaliers du Croissant, qui n'étaient point soumis à des règles particulières. Ce n'était pas à proprement parler un ordre militaire.
Le croissant a donné son nom à trois ordres de chevalerie :
1. L'Ordre du Croissant créé à Messine, en 1268, par Charles d'Anjou, père du roi de France Louis IX, en mémoire de la bataille du lac Ficin, où ce prince vainquit et fit prisonnier Conradin, petit-fils de l'empereur Frédéric II, et Frédéric d'Autriche. Les chevaliers devaient justifier de quatre degrés de noblesse du côté paternel. Cet ordre subsista peu de temps et fut remplacé par celui de l'Étoile.
2. Celui créé en France, à Angers, le 11 août 1448, par le roi de Sicile René d'Anjou, dit le Bon, en l'honneur de Saint-Maurice ; il le plaça sous la protection de la sainte Église. Les chevaliers devaient faire preuve de noblesse. Cet ordre s'éteignit avec la maison d'Anjou. Il est tout à fait distinct du précédent avec lequel les historiens l'ont confondu.
3. L'Ordre du Croissant créé en Turquie par Sélim III, qui le destina à récompenser les services rendus à la Sublime Porte par les étrangers. Il n'a jamais été accordé aux nationaux. Cet ordre n'existe plus depuis longtemps.
d'après le Dictionnaire archéologique et explicatif de la science du blason
Comte Alphonse O'Kelly de Galway — Bergerac, 1901
Cordialement,
Isabelle Lagoutte
Archives Municipales de Roanne