Saint Nicolas et le Père Fouettard redébarquent à Roanne
Publié le
25 novembre 2019
Roanne fait partie des premières villes riveraines du fleuve Loire à avoir renoué, en 2011, avec la traditionnelle fête de saint Nicolas, Patron des marins d'eau douce cher au cœur des anciens mariniers ...
... La corporation des Mariniers de Roanne, qui succéda à la compagnie des Marchands fréquentant la Loire, constituée au XIIIe siècle, était une des plus importantes. Elle faisait autorité jusqu’à Orléans. On lui doit, notamment, l’édification en 1630 de la Chapelle Saint Nicolas du Port construite pour protéger de la peste.
Le vœu à saint Nicolas
Voici une histoire recueillie en son temps par Raoul Toscan, publiée dans un numéro de La Région Illustrée (1931).
Il s'agissait d'une salambarde (ou ramberte, ou sapine, ndFI) venant de Saint-Rambert et le dessein des hommes qui la conduisaient était de convoyer sans encombre à Saint-Thibaut-sous-Sancerre le chargement de bois qu'elle portait. On était parti avec la crue. Le courant était fort et le passage des ponts était particulièrement dangereux. Cerisier, dit le Grand Courlis, qu'accompagnait son jeune gâs surnommé Cadet-Farraud, était soucieux. On avait traversé jusque-là sans trop d'encombre les arches des ponts successifs, mais celles du pont de Nevers, qui comptaient parmi les plus difficiles, vu le rejet particulier du courant, n'étaient pas sans inquiéter notre homme.
Ses craintes étaient fondées. Le courant s'accentua au point de devenir tourbillon, ce qui fit osciller la salambarde. Au lieu de se présenter bec en avant, elle tourna sur elle-même et dériva en offrant le flanc au choc des piles proches. Courlis perdit le nord et n'eut plus que la ressource d'invoquer son grand Patron :
Oh ! Saint Nicolas, s'écria-t-il, fais-nous passer sans avarie et, si tu nous exauces, aussi vrai qu'on me nomme le Grand Courlis, j'irai porter à ta chapelle un cierge aussi groûs que l'mât !
Cadet-Farraud, malgré le tragique de la minute, ne put s'empêcher de faire remarquer à son père qu'il ne trouverait jamais assez de cire pour offrir au saint pareil cierge.
Mais le vieux, crispé sur son gouvernail, se pencha vers le gamin et lui dit tout bas : « Tais-toi donc, gâs, quand on sera passé, on lui f...une belle …. ! »
Malgré l'imposture flagrante, le coup de barre fut heureux et le bateau passa l'arche comme un goujon le goulot d'une nasse.
Courlis pourtant avait eu chaud, si chaud qu'il jeta l'ancre devant la Tour Ninchat pour s'offrir, au bouchon le plus proche, la récompense d'un vin clairet. Et c'est alors qu'il déclara à son blanc-bec de fils : « Eh ben ! Tu vois, il l'a ben gobé ! »
Moralité quelque peu cynique qui, dès le plus jeune âge, berçait les enfants de ces rudes hommes pour les faire, plus tard, aussi rudes qu'eux